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Enfin le château d’Emeraude s’offrait à ses yeux. Jade et Emeraude étant voisins, il n’avait guère à se plaindre de la longueur du voyage. Il avait eu un pincement au cœur quand il avait traversé la frontière entre les 2 royaumes, laissant derrière lui les rizières pour … les terres inconnues d’Emeraude. Il n’eu cependant guère le loisir d’admirer le paysage, aux prises avec des réflexions intérieures. Il rejoignait Emeraude 8 ans trop tard. A 20 ans il état trop tard pour rejoindre les écuyers de l’ordre, qui devaient avoir à peu près la moitié de son âge. Mais les chevaliers l’accepteraient-ils pour autant ? Il avait acquit une solide formation au combat en rejoignant l’armée de Jade, mais pourrait-il égaler un soldat ? Mais ce qu’il redoutait plus encore était la magie. De tout temps les chevaliers d’Emeraude avaient démontrés leurs pouvoirs magiques. D’ailleurs la possession de ces pouvoirs était une condition essentielle pour rejoindre leurs rangs. Des pouvoirs il en avait bien, mais ils n’avaient rien à voir avec ceux des chevaliers. Il ne pouvait pas envoyer des rayons de feu avec ses mains, projeter une lumière guérisseuse, communiquer par l’esprit, soulever des objets par magie … Il n’avait pas leur formation et cela remettait sérieusement en cause ses chances d’entre dans l’Ordre. Et s’ils le refusaient ? S’il n’avait aucune chance ? Il ne pourrait pas rentrer chez lui alors qu’il était sensé les rejoindre il y a 8 ans de cela. Et il doutait que l’armée de Jade l’accepte de nouveau dans ses rangs, ou alors il serait couvert de honte à jamais. Il pourrait mentir à ses parents, raconter que, il y a 8 ans de cela, lorsque les chevaliers refusèrent de l’intégrer dans leur Ordre, il erra, ne trouvant pas la force de rentrer à son foyer après cet échec. Ce mensonge tiendrait la route car il ne serait qu’un demi-mensonge, et puis il ne risquait pas d’avoir du mal à feindre la honte et le remord de décevoir sa famille. Sa sœur Shizuka bien sur serait à part, il était certain qu’elle ne lui reprocherait rien, mais ses frères ne manqueraient pas de souligner, ou plutôt de surligner, son échec. Il serait le chevalier raté redevenu un simple fermier. Pensées fort joyeuses et motivantes à avoir lorsque l’on s’approche inexorablement de notre hypothétique future demeure.

Lorsqu’il pu enfin voir distinctement le château d’Emeraude, avec derrière lui la majestueuse et non moins impressionnante montagne de cristal. Il resta là un moment, immobile. Le doute se faisait plus fort dans son cœur mais, au point où il en était, faire marche arrière aurait été stupide. Il pensa une dernière fois à tout ce qu’il laissait derrière lui, ou pas s’il n’était pas admit, et s’élança vers le château. Le soleil était haut dans le ciel, le pont-levis était baissé, la cours du château était calme. Un instant il fut déçu de ne voir personne, mais il se morigéna. Déjà les chevaliers ne devaient même pas être au courant de sa venue, ensuite ils devaient avoir autre chose à faire de plus important que de l’accueillir. Ça, c’est fait. Le dos droit, et le regard aussi peu anxieux que possible, car il l’était assurément, Kaïsu traversa le pont-levis. Une fois dans la cour il s’arrêta, cherchant quelqu’un à qui demander de l’aide, et essayant de ne pas trop jeter des regards en tout sens pour observer sous toutes les coutures le lieu, ce qui serait mal vu sans nul doute.

Si Kaïsu s’était attendu à tel accueil … Il fut légèrement pris au dépourvu lorsque la petite princesse, dont il ignorait totalement l’identité, vint lui poser une question qui le prit également au dépourvu. Il aurait souhaité répondre un mystérieux : « Euuuh » mais il doutait fort que la jeune femme s’en contenterait. Et puis ce ne serait pas vraiment réussir en beauté son entrée en Emeraude. Venant d’une famille de paysans, et ayant toujours vécu humblement, de telles considérations ne faisaient pas parti de son quotidien. Il observa donc la robe et, bien que ce ne fût pas vraiment le genre d’habit dont il aimerait voir parer une dame, il tenta de répondre aussi intelligemment que possible.

Il voulu éclaircir ses propos, mais il n’en eu guère l’occasion. L’alerte retentit et, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, un garde se posta entre la jeune femme et lui. Par réflexe il porta sa main à son katana mais il ne dégaina pas. Il ne voulait pas agir de façon inconsidérée, mais si le garde semblait agir de la sorte. Heureusement la jeune femme prit sa défense. Il n’y avait pas prêté attention de prime abords, mais il se demandait à présent qui elle pouvait être pour qu’un garde sorte de nulle part pour voler à son secours. Elle devait assurément être une personne d’importance. Avec un assez fort accent jadois, Kaïsu il appuya les paroles de Mÿel.

Comme preuve de sa bonne foi, Kaïsu retira sa main de son katana. Bon, il pouvait peut-être profiter de cette occasion pour demander son chemin. Il était arrivé au château d’Emeraude, mais où trouver les chevaliers ? Il l’ignorait totalement. Peut-être n’étaient-ils même pas ici, mais ces gens pourraient surement lui indiquer comment les rejoindre.

Kaïsu face à la réaction de la princesse. Qu’avait-il dit pour mériter telle colère ? Et surtout, le chevalier allait-il vraiment le châtier ? La tension du jadois monta d’un cran et confus, il essaya de s’expliquer auprès de la princesse, sans grand succès. Quand elle tourna les talons il du se retenir de porter la main à son arme. En tout cas, si le chevalier comptait effectivement obéir à sa princesse, ce qu’il était tenu de faire, il ne comptait pas se laisser faire. Pourtant, à la grande surprise mais aussi à la grande satisfaction du jeune homme, Loken n’en fit rien. En fait le chevalier lui confirma qu’il ne pouvait effectivement pas devenir écuyer, mais qu’il existait une procédure d’exception pour permettre à des guerriers plus vieux de se joindre aux chevaliers. Tant mieux. Mais ce n’était pas à Loken de s’en charger. Tant pis. Néanmoins il se proposait de tester ses compétences guerrières. Bien que Kaïsu ne soit pas un novice il ne put s’empêcher d’appréhender cette future confrontation, bien qu’elle soit amicale. En effet la réputation de guerrier des chevaliers d’émeraude courrait sur tout le continent et le soldat jadois craignait de ne pas être à la hauteur. Au pire il pourrait toujours utiliser la magie pour se sortir d’un mauvais pas.

Acquiesçant de la tête il se mit à suivre le chevalier. En attendant il comptait bien lui poser une question. La réaction violente de la princesse l’avait comme qui dirait effrayé, et il voulait savoir si les menaces qui pesaient sur lui étaient sérieuses. Comme le chevalier ne semblait pas avoir entendu l’ordre de sa princesse, il n’était sur de rien.

Kaïsu fut soulagé, en partie, par les propos du chevalier. Il ne serait pas châtié et ne verrait pas ses rêves de chevalerie réduits à néant. Pour le moment. Mais il s’inquiétait qu’une telle princesse puisse provoquer une telle hilarité chez un chevalier. Il ne connaissait pas bien, voir pas du tout le royaume d’Emeraude, il ne savait donc pas si c’était cette princesse qui serait amenée à régner quand l’actuel roi, ou l’actuelle reine, viendrait à mourir. Mais si c’était le cas il espérait qu’elle serait moins prompte à s’énerver pour des besognes aussi ridicules. Il espérait ne pas avoir à mentir à une personne royale, mais puisque c’était un chevalier de haut rang qui le lui demandait, il n’avait pas le choix. D’autant plus si c’était pour garder sa place. Lorsque Loken se mit en position de combat, Kaïsu tacha de se vider l’esprit pour se concentrer sur le combat à venir, bien qu’il soit amical. Il se mit donc également en position de combat et attendit que son adversaire commence. Ce qu’il ne tarda pas à faire. Lorsque Loken s’élança pour donner un coup d’estoc d’une de ses lames, Kaïsu ne bougea pas d’un millimètre, préférant attendre qu’il soit plus près pour parer au dernier moment. Et il a bien fait car finalement le chevalier entama 2 coups de taille, l’un vertical et l’autre vertical. Le jadois ne s’était jamais combattu contre un guerrier maniant 2 armes en même temps, il était déstabilisé et ne savait pas comment parer et contre-attaquer efficacement, alors il appuya sur ses jambes et fit un bond en arrière.

Lorsque Loken serait suffisamment avancé dans ses mouvements, Kaïsu s’étirerait vers son adversaire pour donner un coup de taille au niveau de son genou. Lorsque son adversaire est trop dangereux en combat direct, il vaut mieux l’affaiblir. La technique la plus efficace, mais aussi la plus fourbe, est de créer autant de coupures que possible pour que, avec la perte de sang, l’ennemi soit moins efficace et dangereux. Bien sur ce n’était pas ce que comptait faire le soldat de Jade, c’était un combat amical. Il allait simplement toucher le genou de Loken. Enfin c’était ce qu’il comptait faire, mais étant donné le niveau de son adversaire, le combat ne risquait pas de s’éterniser s’il n’avait pas d’ouvertures. En dernier recours il pourrait utiliser ses pouvoirs, mais il préfèrerait s’en passer. Il craignait que l’usage de ses sombres capacités ne joue contre lui.

Mince ! Le chevalier avait réussi à parer son attaque et Kaïsu n’avait pas eu le temps, ou la vivacité, d’esquiver ou de parer le coup d’épaule qui le fit reculer en chancelant. Que faire ? Lorsqu’il vit les épées de Loken arriver de nouveau sur lui son esprit se libéra de sa confusion pour ne plus se concentrer que sur son ennemi, ce qu’il faisait et le danger qu’il représentait. Le jadois leva son katana des 2 bras et para chacune des attaques, ses bras ne pliant que légèrement sous les assauts. Puis l’ennemi s’éloigna. Re-mince, pas de pouvoirs magiques pour le moment. Il était clairement désavantagé car son adversaire maitrisait bien mieux le combat au corps à corps. Et là, être celui qui allait engager la seconde partie du combat ne lui plaisait pas plus. Il allait devoir se montrer fourbe comme le serpent et vif comme l’éclair. Ne perdant pas de temps en de vaines paroles, Kaïdu fonda sur Loken. Ses bras avaient quelque peu chauffés quand il avait paré plusieurs coups d’affilée, mais il pouvait encore se battre. C’était un soldat après tout.

Pointant son katana vers l’arrière, il courut jusqu’à son adversaire. Cette posture était techniquement plus adaptée pour la réalisation d’une attaque de taille, mais il comptait faire tout autre chose. Arrivé à portée il plongea dans les jambes de son adversaire, au niveau des cuisses. A cette courte distance il ne pouvait normalement pas esquiver, mais il pouvait toujours user de son épée et Kaïsu risquait d’être blessé. Mais il avait aussi prit conscience que son art du combat reposait beaucoup trop sur la magie. Il pourrait ne pas jouer le jeu mais si un jour il s’en trouvait privé à cause d’un maléfice venant des insectes géants, il se retrouverait sans défense. Si son action réussissait, il rabattrait son arme tenue dans sa main gauche pour la ramener au niveau de la gorge de son ennemi amical.